Projet 3R

Trois Révolutions en Ukraine

Étant donné l’importance des révolutions dans l’histoire récente de l’Ukraine, notre projet vise à analyser les trois vagues de protestations les plus importantes qui ont eu lieu en Ukraine après 1990 :

Révolution sur le granite (1990) // Révolution orange (2004-2005) // Révolution de l’Euromaidan (2013-2014)

Pendant les trois décennies précédentes, l’histoire de l’Ukraine a été marquée par des vagues de protestations, toutes ayant eu lieu à la place de l’Indépendance (Maidan) à Kiev, dont l’échelle et l’impact ont attiré l’attention internationale. Lors de la « révolution sur le granite », le mécontentement généralisé de l'opinion publique a provoqué la démission d’un officiel de haut rang pour la première fois dans l’histoire de l’Union Soviétique. En même temps, étant la première de cette vague de protestations, la Révolution sur le granite constituait le prélude des manifestations des années suivantes. Les révolutions de 2004-2005 et de 2013-2014 ont été exceptionnelles en termes de leur échelle et leur impact sur les politiques de l’Union Européenne et des Etats-Unis dans la région. En particulier, les évènements de 2013-2014, connus sous le nom d’Euromaidan, ont provoqué des réponses fortes au sein de l’UE et de l'autre côté de l'Atlantique. Parmi d’autres, des « Maidans » en soutien des manifestations à Kiev se sont réunis à Londres, Vienne, Varsovie et New York. De plus, les manifestations ont entraîné un renversement de la politique ukrainienne vers l’Occident. C’est donc cela qui nous permet de voir les révolutions en Ukraine comme les étapes déterminantes de l’intégration de l’Ukraine avec l’Occident en général et avec l’Union Européenne en particulier.

Pour placer notre recherche dans le contexte scientifique, nous prenons en considération trois dimensions : en premier lieu nous traitons les manifestations comme une partie de la culture politique ukrainienne, en deuxième lieu, nous appliquons le cadre théorique des études sur les révolutions, en demandant si les protestations étaient des refolutions (d’après l’expression de Timothy Garton Ash) ou encore si les changements causés ont touché seulement les milieux gouvernementaux/dirigeants de l’Ukraine. Finalement, nous comparons les révolutions ukrainiennes à la troisième et la quatrième « vagues » de démocratisation, c’est-à-dire la chute du Communisme en Europe Centrale et Orientale en 1989 et les révolutions de couleur dans l’espace post-soviétique dans les années 2000.

Notre objectif est, tout d'abord, de fournir une analyse multidimensionnelle des événements en Ukraine. De plus, nous voulons stimuler davantage le débat académique et laisser la marque du Collège d'Europe sur celui-ci. Pour y parvenir, nous prévoyons d'interviewer plus de 100 participants sélectionnés et dirigeants des manifestations de 1990, 2004/2005 et 2013/2014. L'analyse de ces sources d'histoire orale, ainsi que des comptes rendus médiatiques et documentaires des révolutions, permettra une étude interdisciplinaire des mouvements révolutionnaires contemporains dans l'espace post-soviétique. De plus, en rendant notre dépôt d'histoire orale accessible au public, nous espérons présenter aux étudiants de l'histoire, de la société et de la politique ukrainiennes modernes un matériel de recherche unique.

Notre équipe a invité les principaux experts en études ukrainiennes modernes à collaborer avec notre équipe dans le but d'établir un réseau de centres de recherche en Ukraine, en Pologne, au Royaume-Uni, en France, aux États-Unis et au Canada. Au cours d'une série de conférences, de plus en plus étendues et nombreuses, nous continuerons à développer et à évaluer des outils de recherche efficaces, à réfléchir sur l'état de l'art et, enfin, à participer au débat sur le sens et l'impact des protestations populaires sur l'Ukraine contemporaine.

En 2022, lorsque la Fédération de Russie a lancé une invasion à grande échelle en Ukraine, nos recherches ont pris une autre dimension. La nouvelle question que nous avons posée dans le contexte de la réalité de la guerre était de savoir si l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine souveraine était le résultat des révolutions. En d'autres termes, y aurait-il eu une guerre s'il n'y avait pas eu de révolutions. Et encore plus loin, s'il n'y avait pas eu de révolutions, y aurait-il eu une Ukraine ? Pour répondre à cela, nous avons de nouveau invité des experts et des chercheurs en études ukrainiennes ainsi que des participants et des acteurs internationaux qui ont été impliqués dans l'assistance à l'Ukraine au cours des premiers mois de la guerre à se réunir et à réfléchir sur le contexte plus large de l'histoire contemporaine de l'Ukraine et le rôle que jouent à la fois la mobilisation et les menaces externes dans la construction de la nation et de l'État ukrainiens. 

En cas de questions et remarques liées au projet, nous vous invitons chaleureusement à nous contacter.