« Je suis Charlie » – contribution par le Professeur BUTTERWICK-PAWLIKOWSKI pour Gazeta Wyborcza

Le Professeur Richard BUTTERWICK-PAWLIKOWSKI, Titulaire de la Chaire PE-Geremek de Civilisation européenne au campus de Natolin (Varsovie) du Collège d'Europe, vient de publier une contribution pour le journal polonais Gazeta Wyborcza sur la tragique fusillade à la rédaction de Charlie Hebdo.

   

La contribution (en polonais) est disponible ici. Une traduction en français est ici jointe :

       

Les meurtres impitoyables commis à Paris par des djihadistes islamistes sur les courageux journalistes de Charlie Hebdo devraient nous faire comprendre l’étendue dans laquelle nos libertés fondamentales, au cœur de la civilisation européenne, sont attaquées par des fanatiques. Malgré cela, ces libertés sont souvent limitées par les pays et institutions européens au nom du respect des sentiments de personnes d’autres fois, races, orientations, nationalités ou visions du monde.

   

Le but de ces lois et jugements est de combattre la propagation de la haine, mais donner la priorité à des sentiments définis subjectivement mène à une société gouvernée par la peur. Comme le montre le triste refus de la plupart des médias européens de reproduire les dessins de Charlie Hebdo, l’autocensure est déjà présente.

   

Il est temps de choisir entre la liberté et les ennemis irréconciliables de la liberté. Nous devons clairement affirmer que nul n’a le droit de ne pas être offensé. La loi ne doit pas nous protéger d’offenses contre nos sentiments. Sur notre continent les expressions les plus blessantes, les plus politiquement incorrectes, le plus obscènes, celles qui méritent le plus critique et condamnation, ne doivent jamais être des crimes aux yeux de la loi. Bien sûr, les appels au meurtre et à la violence – et ils sont commis par certains apologistes des meurtres de Paris – doivent être sévèrement punis, mais pas la moquerie de ce qui est considéré comme sacré. Les pays européens devraient se débarrasser des lois qui ont l’intention louable d’interdire la propagation de la haine, mais qui limitent également la liberté d’expression. Nous devrions lutter contre la haine dans le domaine culturel, et non par le recours au droit pénal ou civil. Un individu bien élevé ne veut offenser personne, mais personne ne devrait se voir interdire d’offenser les autres. Quoique certains dessins soient déplaisants – je suis Charlie.