Le Professeur MINK a été interviewé par Radio Franceinfo sur l'escalade du conflit dans le Donbass

Le Professeur Georges MINK, Professeur permanent au campus de Natolin (Varsovie) du Collège d'Europe et Directeur de Recherche émérite à l'Institut des Sciences sociales du Politique au CNRS (Paris), a été interviewé par Radio Franceinfo sur l'escalade du conflit dans le Donbass, le 3 février 2017.

Extrait (source Radio Franceinfo) :

Depuis quatre jours, les combats entre soldats ukrainiens et rebelles pro-russes ont tué au moins 23 personnes dans l'Est de l'Ukraine. Suite à ce regain de tension, l'Ambassadrice américaine à l'ONU a déclaré, jeudi 2 février, que les sanctions contre la Russie resteraient en place "jusqu'à ce que la Russie redonne le contrôle de la péninsule (de Crimée) à l'Ukraine". Ces affrontements sont les plus violents depuis la trêve négociée en décembre 2016. Moscou et Kiev s'accusent mutuellement d'avoir orchestré la reprise des hostilités.

Georges MINK, sociologue spécialiste de l'Ukraine et directeur de recherches au CNRS, estime vendredi 3 février, sur Franceinfo, que cette "accélération" des combats est "un test sur les engagements géopolitiques de la nouvelle administration américaine".

Franceinfo : Comment expliquer cette reprise des combats ?

Georges MINK : Les combats n'ont jamais cessé depuis les accords de Minsk mais cette fois-ci il y a une accélération du conflit. Elle est due au contexte international pour l'essentiel.

Des deux côtés, mais surtout du côté de la Russie, c'est un test sur les engagements géopolitiques de la nouvelle administration américaine. Les Russes, par l'intermédiaire des séparatistes pro-russes, veulent tester la volonté de Donald TRUMP de passer à un autre mode de gestion des conflits internationaux et de rétablir en quelque sorte les zones d'influence. Un peu comme pendant la Guerre froide, quand deux grandes puissances gèreraient l'ensemble des conflits mondiaux.

C'est surprenant que Donald TRUMP, ouvertement pro-russe, condamne par la voix de son ambassadrice à l'ONU les actions agressives de la Russie ?

Ce n'est pas surprenant. (...) C'est surtout sur le plan économique qu'il cherchera une sorte de nouvelle politique vis-à-vis de la Russie. Afin d'atténuer un peu la méfiance, réciproque, pour augmenter le volet d'exportations américaines vers la Russie. Sur le plan politique, ses annonces étaient relativement ambiguës. On savait que l'Ukraine serait justement le test de cette nouvelle donne géopolitique. D'une certaine façon, le test a eu lieu. On voit bien qu'il y a quelques principes sur lesquels les Américains ne sont pas prêts à lâcher.

Les États-Unis disent que les sanctions contre la Russie resteront en place jusqu'à ce que cette dernière redonne le contrôle de la péninsule de Crimée à l'Ukraine. Est-ce que ça peut faire changer d'avis Moscou ?

La Crimée, c'est une question de principe. Le droit international a été violé. Si la nouvelle administration américaine acceptait cet état de fait, évidemment ce serait un précédent extraordinaire pour d'autres violations du droit international. Donc cette position de principe est cruciale.